Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/532

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au prince quatre guinées, pliées bien proprement dans un petit morceau de papier. Ceux qui virent ce présent voulurent se moquer de la reine, qui n’était pas honteuse d’envoyer cette somme pour des diamants qui valaient plus de cinq cent mille guinées ; mais le prince les chassa de sa chambre, en leur disant qu’ils étaient bien hardis de manquer de respect à sa mère. Cependant la reine dit à Guinguet : « Apparemment que la vieille que Tity a relevée est une grande fée : il faut l’aller voir demain ; mais, au lieu d’y mener Tity, nous y mènerons son frère, car je ne veux pas qu’elle s’attache trop à ce benêt, qui n’a pas eu l’esprit de garder ses diamants. » En même temps elle ordonna qu’on nettoyât les carrosses et qu’on louât des chevaux ; car elle avait fait vendre ceux du roi, parce qu’ils coûtaient trop cher à nourrir. On fit remplir deux de ces carrosses de médecins, de chirurgiens, d’apothicaires, et la famille royale se mit dans l’autre.

Quand ils furent arrivés à la cabane de la vieille, la reine lui dit qu’elle venait lui demander excuse de l’étourderie de l’écuyer de Tity. « C’est que mon fils n’a pas l’esprit de choisir de bons domestiques, dit-elle à la bonne femme ; mais je le forcerai de chasser ce brutal. » Ensuite elle dit à la vieille qu’elle avait amené avec elle les plus habiles gens de son royaume pour guérir son pied. Mais la bonne femme lui dit que son pied allait fort bien, et qu’elle lui était obligée de la charité qu’elle avait de visiter une pauvre femme comme elle. « Oh ! vraiment, reprit la reine, nous savons bien que vous êtes une grande fée, car vous avez donné au prince Tity une grande quantité de diamants, — Je vous assure, Madame, dit la vieille, que je n’ai donné au prince qu’un