Préliminairement, disons qu’il serait bien difficile d’établir clairement tous les rapports de concordance qui existent entre les forces dont les végétaux et les animaux sont l’expression, parce que les ramifications de ces forces s’entrecroisent presque à l’infini. Nous nous proposons seulement d’en indiquer les principales, celles qui sont le plus caractéristiques des principes de l’élimination.
Sous forme de moisson, de vendange, de cueillette et de pâturage, il se fait chaque année une destruction générale de végétaux pour la nourriture et d’autres besoins de l’homme et pour la consommation des gros et très-gros animaux soit sauvages, soit surtout domestiques ; mais il est facile de remarquer, d’après l’état dressé par M. Godron, que ces animaux sont beaucoup moins nombreux que ceux de très-petite, de petite et de moyenne taille. Sur 5.980 espèces, il n’y a que 377 vertébrés ; encore parmi ceux-ci les plus petits sont-ils en grande majorité. Cette proportion se retrouve à peu près dans l’état dressé par M. de Villeneuve. De plus, remarquons que beaucoup d’espèces doivent, au point de vue de la forme et du travail, compter comme doubles : c’est ainsi que le hanneton, si distinct en apparence du ver blanc dont il n’est que l’insecte parfait, se livre à l’élimination des feuilles d’arbres, tandis que sous sa forme primitive il éliminait les racines.
Or, plus un animal est petit et plus la destruction qu’il opère parmi les végétaux a le caractère d’une élimination ; d’où la conclusion que la plus grande partie des animaux ont été créés pour constituer l’armée des éliminateurs.