Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tissons pas ; aussi est-ce à eux que nous devons songer.

Et ils me montrèrent un petit livre, en disant :

— Tu vois combien il y a de noms notés dans ce registre ? Ce sont toutes les conversions que nous avons opérées.

Je ne leur parlai plus et cessai de les voir. Je me trompe, il m’arriva de revoir l’un d’eux, mais par hasard. Un jour, un de mes fils accourut vers moi : « Papa, me dit-il, un homme est couché tout près du petit lac. » J’allai voir : je trouvai là un cadavre dont on avait écorché les bras jusqu’aux coudes et les jambes à partir des genoux. Les Tatares s’entendent à faire cela : ils pratiquent une section circulaire autour du membre à dépouiller, ensuite ils tirent et la peau se détache. La tête gisait à quelque distance du corps, le front était marqué d’une croix faite à coups de couteau.

« Eh ! pays, pensai-je, — tu n’as pas voulu t’occuper de moi et je te l’ai reproché ; mais