de cheval que les Tatares avaient introduits dans mes chairs dix ans auparavant. Je ne fus pas long à me rétablir, mais, à mesure que mes forces revenaient, je faisais semblant d’aller de mal en pis, j’ordonnais aux femmes et aux vieillards de prier pour moi avec toute la ferveur possible parce que, disais-je, j’étais à l’article de la mort. Bien plus, à titre de pénitence publique, je les soumis à un jeûne avec défense expresse de sortir de leurs tentes avant trois jours, et, pour achever de les terrifier, j’allumai une dernière fusée, la plus grosse ; après cela, je pris la clé des champs…
— Et ils ne se mirent pas à votre poursuite ?
— Non ; comment, du reste, auraient-ils couru après moi ? Le jeûne les avait trop affaiblis et je leur avais fait une telle peur que, pour sûr, ils n’ont pas dû bouger de chez eux avant le troisième jour. Si ensuite ils sont sortis de leurs tentes, ce que j’ignore, ils auront compris que j’étais déjà trop loin pour qu’ils pussent me rattraper. Débarrassés des crins