Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/172

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ils ; — ici, tu es chez des compatriotes, tu t’y remettras : bois !

Je me versai un verre.

« Allons, que le Seigneur me bénisse ! À mon heureux retour ! » dis-je en moi-même, et je bus. Mais les braves garçons revinrent à la charge.

— Bois encore ! Il ne faut pas s’en aller sur une seule jambe.

Je cédai à leurs instances et, devenu fort expansif sous l’influence de la boisson, je leur fis le récit de toutes mes aventures, je leur appris d’où je venais, où et comment j’avais vécu. Assis près d’un feu de bois, je passai toute la nuit à raconter mon histoire en buvant de l’eau-de-vie ; j’étais si content de me retrouver dans la sainte Russie ! Mais, vers l’aurore, au moment où les bûches ne jetaient plus qu’une lumière mourante et où presque tous mes auditeurs s’étaient endormis, l’un d’eux me demanda :

— Est-ce que tu as un passeport ?

— Non, je n’en ai pas, répondis-je.