Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/193

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d’agir que, s’il m’arrivait à moi-même quelque chose au cours de mes sorties, il me passait cela comme il aurait pu le passer à un frère.

— Qu’est-ce qui vous arrivait donc ?

— Je vous ai déjà dit que je faisais des sorties.

— Mais qu’entendez-vous par ce mot ?

— J’allais m’amuser au dehors. Depuis que j’avais rappris à boire de l’eau-de-vie, j’évitais avec soin d’en faire un usage journalier ; mais, s’il me survenait quelque contrariété, alors, c’était plus fort que moi, il fallait que je busse, et tout de suite je me donnais campos pour quelques jours. Cela me prenait sans que j’eusse pu dire au juste comment ; par exemple quand des chevaux quittaient l’écurie : ce n’étaient pas des frères pour moi et cependant leur départ m’affectait à un tel point que je me mettais à boire, surtout si j’étais séparé d’un cheval d’une beauté remarquable : le coquin ne cessait de me trotter devant les yeux, si bien que, pour m’arracher à cette obsession, je faisais une sortie.