Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/199

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tation, loin de s’affaiblir, devenait de plus en plus forte. À la fin, je n’eus plus qu’une seule idée : trouver le moyen de tout concilier, c’est-à-dire d’aller m’amuser sans exposer à aucun danger l’argent du prince. Dès lors, je commençai à le cacher dans une foule d’endroits plus invraisemblables les uns que les autres, là où il ne serait venu à l’esprit de personne de déposer de l’argent… « Que faire ? pensais-je, évidemment on n’est pas maître de soi ; je vais mettre ces fonds en lieu sûr et, après cela, je contenterai mon envie. » Mais je n’avais pas plus tôt serré ce maudit argent quelque part que l’inquiétude s’emparait de moi ; en quelque endroit que je l’eusse mis, je me figurais, un instant après, qu’il était mal caché et qu’il serait volé par quelqu’un. J’allais immédiatement le reprendre pour le placer ailleurs… C’est ainsi que je le portai tour à tour dans les greniers à foin, dans les caves, sous les combles, etc. Dès que j’avais fait choix d’une cachette, je m’imaginais que quelqu’un m’avait vu y déposer le magot