ruban de la guitare et lui pose les doigts sur les cordes. Ensuite il s’assied par terre en face du divan, incline sa tête sur le petit soulier en maroquin rouge de la jeune femme et m’invite du geste à m’asseoir aussi.
Je me laisse tomber tout doucement sur le parquet, je ramène mes jambes sous moi à l’imitation du maître de la maison et, dans cette posture, je regarde Grouchka. Le silence est tel qu’il en devient même ennuyeux. À force de rester assis, je finis par avoir les genoux brisés. Je regarde de nouveau la Tsigane : elle est toujours dans la même position. J’observe le prince : il mord sa moustache et n’adresse pas une parole à sa maîtresse.
« Faites-la donc chanter ! » lui dis-je par signes. Il mime une réponse qui peut se traduire ainsi : « Elle ne m’écoutera pas. »
Et tous deux, assis sur le parquet, nous restons dans l’attente. Tout à coup elle se met, semble-t-il, à délirer, elle soupire, elle sanglote, une larme se suspend à ses cils, et ses doigts glissent, comme des guêpes, sur