Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/35

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sauvages fils de la steppe, c’étaient des bêtes terribles ! Le comte en achetait des troupeaux entiers à la fois, et il ne les payait pas cher, — à raison de huit ou dix roubles par tête ; dès que nous les avions ramenés à la maison, nous entreprenions leur éducation. La moitié opposait à nos efforts une résistance invincible ; la captivité les tuait, mais ne les rendait pas plus traitables : dans la cour, ils s’effarouchaient d’un rien, se ruaient affolés contre les murs, et regardaient sans cesse au ciel à la façon des oiseaux. Plusieurs même faisaient peine à voir, on aurait dit qu’ils voulaient s’envoler, les pauvrets ; malheureusement ils n’avaient pas d’ailes….. Et pas moyen de leur faire prendre de la nourriture, ils ne touchaient pas à l’avoine qu’on mettait dans leur mangeoire, allaient dépérissant de jour en jour et finissaient par mourir d’inanition. Parfois nous perdions ainsi plus de la moitié des bêtes que nous avions achetées, surtout quand c’étaient des chevaux kirghiz. Ils aiment passionnément