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Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/50

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de toi… Qu’on lui achète tout de suite un accordéon.

Un laquais alla en chercher un dans une boutique, et me l’apporta à l’écurie.

— Tiens, dit-il, — joue.

Je pris l’instrument et voulus en jouer, mais, voyant que je ne savais pas, je le laissai là, et, le lendemain, il me fut volé.

J’aurais dû profiter de la bienveillance du comte pour obtenir de lui la permission d’entrer dans un monastère, comme le moine me l’avait conseillé. Je ne sais pas moi-même pourquoi je demandai un accordéon, et manquai ainsi dès l’abord à ma vocation. Depuis ce moment j’éprouvai malheur sur malheur, et l’adversité ne fit que m’accabler de plus en plus, mais je ne me perdis nulle part, jusqu’à ce que se fussent réalisées de point en point toutes les prédictions qui m’avaient été faites en songe par le moine.