Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne sont pas ici, autrement il y aura à ton départ une scène de larmes.

— Ah ! c’est une autre affaire ; pourquoi leur causerais-je du chagrin ?

Et, quelque pénible que cela me fût, je dus me résigner à partir au plus vite, sans prendre congé ni de la jeune dame ni de sa fille.

« Où irai-je maintenant ? me dis-je, une fois sorti de la maison. Voilà déjà longtemps que je me suis sauvé de chez mes maîtres, et je n’ai encore fait long feu nulle part… J’en ai assez : je vais me déclarer à la police. » Cependant une réflexion m’arrêta : en ce moment j’avais de l’argent, et les policiers me prendraient jusqu’au dernier grosch. « Il y aura toujours une partie de mes fonds qui ne tombera pas entre leurs mains, décidai-je ; je vais d’abord me régaler de thé et de craquelins dans un traktir ». Je me rendis donc sur le champ de foire et j’entrai dans un établissement où je demandai du thé avec des craquelins. Je prolongeai la séance autant que je pus ;