Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/92

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feutre. La cavale, restée jusqu’alors immobile, commença aussitôt à agiter les oreilles et à folâtrer.

Les messieurs qui se trouvaient là se disputent alors à coups de billets de banque la possession de cette jument : celui-ci en offre cent roubles, celui-là cent cinquante, tous enchérissent à l’envi les uns sur les autres. C’était vraiment une superbe bête : pas grande, de la taille d’un cheval arabe, mais bien proportionnée, une petite tête, un œil plein comme une pomme, des oreilles droites, des flancs sonores, un dos comme une flèche, des jambes légères, faites au tour et d’une agilité sans égale. En ma qualité d’amateur, j’étais fasciné par une telle beauté, au point de ne pouvoir en détacher mes regards. Voyant que tout le monde est toqué de cette cavale et que les messieurs en offrent de grosses sommes, le khan fait signe à un sale petit Tatare ; celui-ci s’élance sur le dos de la jument blanche ; il s’y installe, vous savez, à sa façon, à la tatare, et elle s’envole avec la rapidité d’un