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les bastonnais

— C’est une affaire beaucoup plus sérieuse que cela, Simpson, je suis bien fâché de le dire. Vous savez que je ne me présenterais pas ici à pareille heure sans le motif le plus urgent. Il faut absolument que je voie le gouverneur, et tout de suite.

Aucun signe d’impatience n’avait accompagné cette réplique, mais il parlait d’un ton si décidé, que l’officier, qui connaissait bien son ami, comprit que sa demande ne pouvait être rejetée. En conséquence, il s’occupa aussitôt de faire éveiller le gouverneur. Avec plus de promptitude que l’un et l’autre des jeunes gens l’avaient prévu, ce dignitaire se leva, s’habilla et se rendit dans une antichambre où il fit appeler Hardinge. Après quelques mots d’excuse, celui-ci découvrit à Son Excellence le sujet de sa visite.

Il dit comment, tandis que tout le monde, en ville, s’occupait de l’invasion de la colonie du côté de l’ouest, par l’armée continentale sous le commandement de Montgomery, on avait presque complètement perdu de vue l’autre colonne d’invasion qui s’avançait du côté de l’est, sous la conduite d’Arnold. Pour sa part, il déclara qu’il considérait cette dernière la plus dangereuse des deux. Elle était composée de troupes d’élite, avait été organisée sous les yeux de Washington lui-même et placée sous le commandement d’un bouillant général.

Outre ses autres qualités, Arnold avait l’avantage incalculable de connaître personnellement la ville, grâce à des visites répétées qu’il y avait faites tout récemment dans un but de commerce. La population de Québec paraissait ignorer complètement l’expédition d’Arnold. Elle semblait croire que sa colonne était ou devrait être noyée quelque part au milieu des cascades du Kennebec, ou du