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Page:Lessing - Théâtre complet, t. 2, trad. Salles, 1886.djvu/198

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LE JEUNE SAVANT

DAMis. Le vieux ?

ANTOINE. C’est encore vrai : est-ce qu’un fils a besoin de s’inquiéter de son j^ère ? Mais, pardon ; est-ce qu’il est convenable de faire des vers sur son propre mariage ?

DAMIS. Sans doute ce n’est pas la coutume ; mais tant mieux ! Les intelligences comme moi, aiment l’extraordinaire. ANTOINE. {A2)art.) Voici le moment de lui jouer un tour de ma façon. {Haut.) Écoutez, monsieur Damis, je verrai moi-même avec grand plaisir que vous épousiez Juliane.

DAMIS. Comment cela ?

ANTOINE. Je ne sais pas si j’oserai me permettre de vous le dire. J’ai… j’ai moi-même…

DAMIS. Mais parle donc !

ANTOINE. J’ai moi-même essayé de faire des vers sur votre mariage, et c’est pour cela que je voudrais bien ne point en être pour ma peine.

DAMIS. Ce doit être du joli.

ANTOINE. Sans doute ! Car c’est mon dada^ ou je fais du bon, ou je ne fais rien.

DAMIS. Donne donc ! peut-être pourrai-je redresser tes rimes de manière que cela nous fasse honneur, à moi et à toi.

ANTOmE. Permettez, je vais vous les lire. (Il tire un papier de sa poche.) Je n’ai pas encore tout à fait fini, je dois vous en prévenir. Mais voici le commencement que, dans tous les cas, la fin pourra suivre… Veuillez m’approcher un peu la lampe…

Toi, ô noble habileté,
Dans le dessein projeté,
Moyen propre…

DAMIS. Arrête ! Tu es un misérable bousilleur ! Ha ! ha ! Ce toi, ô est tout à fait inutile. Noble habileté dit tout autant : et

Toi, ô noble habileté,