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à force d’aimer

gime physique et intellectuel. Il entreprit à pied des excursions dans les montagnes, à la fois pour dompter son ardente jeunesse amoureuse, et pour trouver une application de ses idées dans l’étude de la vie rustique, presque primitive, telle qu’on la rencontre encore au fond de cette simple et sauvage Auvergne. Il recueillerait là des notes qui ne lui seraient pas inutiles.

La splendeur de l’été faisait étinceler la verdure des pâturages, l’écume des cascades, les échappées bleues des lointains. Elle rendait aussi plus délicieusement fraîche et sombre la profondeur des forêts. Mais là, dans la palpitation des sèves, le frôlement des souffles aromatiques, l’accablement de l’antique solitude, Horace éprouvait le besoin éperdu de serrer contre son cœur un cœur passionné de femme. Il songeait à l’émotion qu’éprouverait Hélène devant certaine grâce indicible des choses. Ardemment, il la souhaitait à ses côtés.

Malgré ce qu’il avait attendu de cette diversion, la Nature ne lui conseillait pas l’oubli.

Un jour qu’il descendait du Puy de Dôme par la route de Fontanat, comme il approchait de Clermont, il se détourna du chemin carrossable pour traverser un bois merveilleusement pittoresque et sauvage. C’est une promenade peu fréquentée par les baigneurs de Royat, à cause de