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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/104

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à force d’aimer

— Je souffrirais davantage de vous perdre, » dit-il.

Elle voulut voir une délicatesse dans cette phrase, qui pourtant ne la démentait pas. Le beau regard caressant d’Horace avait été, il est vrai, plus tendre que ses paroles. Hélène se pencha vers les bras qui s’ouvraient, et, dans la volupté du baiser, disparurent ses doutes et ses craintes.

« Je l’aimerai tant, » pensa-t-elle, « qu’il ne se repentira jamais de sa décision. »

Toutefois, dès qu’il rouvrit la bouche, ce fut — involontairement sans doute — pour lui meurtrir le cœur.

— « J’ai été dur, cruel, » dit-il, « je vous ai fait souffrir. Mais je souffrais tant moi-même !… Voyez-vous, quand je pense qu’un autre homme vous a possédée, vous a rendue mère… Et que vous vous donniez à lui sans condition, dans une passion assez folle pour… Ah ! pardon… Ce n’est pas pour vous faire de la peine… Il faut bien que je vous explique… Surtout l’idée qu’il vous a dégradée, humiliée !… qu’il a eu le pouvoir de flétrir à l’avance notre amour d’aujourd’hui…

— Horace !… » jeta Hélène dans un cri de douleur, se redressant, avec, sur son visage décoloré, le frémissement de ce supplice.

— « C’est la seule fois que je vous parlerai nettement, » reprit-il. « Mais il faut que vous m’écoutiez. Nous ne devons laisser entre nous