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à force d’aimer

Elle lut le nom qu’elle pressentait, et s’attarda, les yeux sur les syllabes détestées, car elle n’osait répondre à son fils.

Le petit garçon reprit :

— « Je lui ai dit d’attendre, et j’ai pris sa carte pour te l’apporter moi-même… Car ce n’est pas possible, dis, que tu refuses de lui parler ?

— Mon enfant, » murmura-t-elle, « tu ne peux pas comprendre… Je t’expliquerai… plus tard… Non, je ne dois pas recevoir ce monsieur… »

Horace Fortier regardait la mère et le fils. Que signifiait l’insistance de René ? Une sueur d’anxiété perlait aux tempes de cet homme fort.

Le dernier mot d’Hélène vint heurter on ne sait quel ressort d’orgueil ou d’instinctive tendresse blessée dans l’âme enfantine :

— « Ce monsieur… » répéta-t-il d’un ton de reproche. « Oh ! maman !… Mais puisque c’est mon père… »

Alors il se passa quelque chose de rapide et de tragique, dans une grande simplicité de gestes et de paroles. Ce fut presque insignifiant en apparence, mais il est de sanglantes scènes qui comportent moins d’angoisse.

Horace posa une main sur la tête du petit garçon, et dit :

— « Tu as raison, mon enfant. »

Puis, se tournant vers Hélène :

— « Adieu, je vous laisse en famille. »