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à force d’aimer

heures auparavant, s’étaient rencontrés les pas des deux hommes…

Hélène parcourut légèrement l’étroite allée circulaire. Elle approcha de la grille, mit la main sur le bouton intérieur. Mais, comme elle allait sortir, un carré blanc, sous le verre de la boîte aux lettres, accrocha son regard.

Elle sentit comme un choc violent au milieu de la poitrine. Ce papier, dans son inertie de chose fatale, avait un aspect menaçant. Ce n’était pas une lettre venue par la poste : le facteur n’avait pas encore passé. Et hier il n’y avait rien à la dernière distribution. On l’avait donc apportée durant la nuit…

Mlle Marinval ouvrit la boîte, prit l’enveloppe, et reconnut l’écriture d’Horace.

Un tremblement la saisit. Elle eut envie de se jeter à genoux, de crier « grâce ! » au Destin. Tout son pauvre être se convulsait, pressentant l’approche d’une affreuse douleur.

« Mais quoi ! » se dit-elle, « je suis folle. Que peut-il me dire de si terrible ?… Qu’il renonce au mariage ?… Eh bien, puisque je voulais lui rendre sa parole… »

Elle se réfugia sous le bosquet, s’assit sur le banc. Et, malgré les raisons invoquées pour se rassurer elle n’osait rompre l’enveloppe.

Il fallut bien l’ouvrir pourtant. Elle vit quelques lignes très courtes, penchées de gauche à droite,