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à force d’aimer

Il y avait déjà trois ans que cet état de choses durait, et il aurait pu se prolonger encore, si la mort de Clotilde, emportée brusquement par une bronchite infectieuse, n’était venue y mettre un terme.

Huguette avait alors une douzaine d’années. Et depuis trois ans — c’est-à-dire depuis le début du procès — Hélène Marinval reposait dans le cimetière de Clermont.

La perte de sa femme, sans être pour M. Vallery le désastre financier qu’il redoutait dans le divorce, le paralysait pourtant au point de vue des affaires. La plus grosse partie de sa fortune, en effet, devenant celle de sa fille, se trouvait soustraite à la spéculation. Or la spéculation était la vie de cet homme, en qui l’on devait voir surtout un joueur, et un joueur singulièrement heureux.

Une éclipse dans ses succès et presque dans ses facultés parut être la conséquence de son deuil, et dura autant que le large crêpe à son chapeau. Son flair de financier parut défaillir. Certaines de ses opérations tournèrent mal. Et il ne manqua pas de mauvais plaisants pour faire observer que, la volage étant morte, le veuf devait voir s’éloigner la chance, fidèle jusque-là au mari malheureux.

Mais les velléités de raillerie se glacèrent. Un frisson d’anxiété secoua le public. Des bruits in-