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à force d’aimer

Peut-être s’étonnait-il qu’en passant devant, les gens n’ôtassent pas leur chapeau.

Une lourde arcade séparait la cour du trottoir. La loge du concierge, les écuries, les remises monumentales, et dont on devinait le luxe intérieur, formaient, à droite et à gauche, deux pavillons symétriques. Au delà d’un vaste rectangle sablé, la maison d’habitation dressait sa façade trop régulière, trop surchargée, couverte de frises, de colonnes, de chapiteaux en demi-relief, et encore alourdie, devant les fenêtres du premier étage, par de massifs encorbellements. En haut d’un perron de douze marches, sous une marquise en forme de coquille, la grande porte s’ouvrait sur les somptuosités obscures du vestibule, parmi lesquelles brillaient toujours, au regard émerveillé du passant, les mollets blancs et les culottes cramoisies de quelques domestiques.

La seule chose noblement fastueuse de cette demeure était le jardin, de dimensions exceptionnelles pour Paris, qui s’étendait jusqu’aux maisons de la rue Montaigne, et qui, derrière la brutalité de la pierre de taille, la lourdeur des ornements architecturaux, l’insolence des dorures, élevait la rêveuse majesté de ses arbres, déployait le velours de ses pelouses, arrondissait des bosquets anciens, où, sur des bancs un peu verdis de mousse, des songes du passé flottaient.

Pour empêcher que, des fenêtres surplombant