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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/276

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à force d’aimer

— Vraiment ? » dit hypocritement René. « Comme elle est devenue belle !…

— N’est-ce pas ? » approuva la jeune fille toute joyeuse. « Oh ! comme vous l’aimeriez si vous la connaissiez ! »

Ce fut au tour de René de rougir. Alors Huguette, avec son intuition aiguë de femme, sentit qu’elle découvrait là, peut-être, un moyen de le conquérir. La teinte rosée de ses joues s’accentua, dans la confusion de ce qu’elle pensait et de ce qu’elle osait dire.

Toutefois elle prononça bravement :

— « Elle vous admire tant !… Oh ! elle ne le dit pas… Mais, depuis votre conférence et votre pièce, elle n’est occupée que de vos idées. Si vous saviez le rêve que j’avais fait !… »

Sournoisement, la charmante fille s’arrêta, regardant de côté l’effet de son indiscrétion.

— « Quel rêve ?… » balbutia René.

— « Quand papa m’a révélé que vous êtes mon frère, je me suis dit que Germaine vous plairait peut-être comme vous lui plaisez, et alors… elle deviendrait ma sœur… Nous serions bien heureux tous les trois. »

René, pâle à présent, essaya de rire.

— « Je serais un joli parti pour Mlle de Percenay !

— Bien sûr ! » dit vivement Huguette. « René Vallery serait un parti superbe. Et je sais très bien que le ministre ne s’y opposerait pas. »