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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/305

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à force d’aimer

idées et les circonstances, leurs chemins si éloignés dans le passé, plus divergents peut-être encore dans l’avenir. Il parla de sa pauvreté, dans laquelle il resterait volontairement, de l’œuvre à laquelle il consacrait sa vie et qu’il ne consentirait jamais à trahir.

— « Votre père, Huguette, et le vôtre, mademoiselle, représentent la richesse et le pouvoir. Je suis avec ceux qui veulent abolir, ou du moins transformer, l’une et l’autre.

— Monsieur, » dit Germaine, « les distances entre les êtres sont établies, non par leurs situations sociales, mais par leurs façons de sentir. Vous me croyez sans doute trop gâtée par l’existence et trop frivole pour partager vos idées. Laissez-moi vous dire quelles sont les miennes. Vous condamnez la richesse et le pouvoir. Je considère qu’ils ne sont excusables aux mains d’un seul que lorsque celui-ci les met au service de tous. Je ne sais pas si la richesse et le pouvoir individuels sont nécessaires. Je suis trop ignorante pour trancher des questions pareilles. Mais je sais que s’ils tournent à la satisfaction d’un égoïsme personnel, ils constituent l’iniquité la plus monstrueuse. Je les vois accompagnés de telles responsabilités qu’ils m’effraient. Avant de vous rencontrer, je rêvais à quelque grande œuvre de bienfaisance à laquelle j’aurais consacré la fortune que mon père me donnera. Demandez à Huguette. C’était l’objet de