Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/349

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Quelque chose, dans l’atmosphère, de tiède et d’humide, un arome spécial, la teinte grisâtre de la lumière et les bow-windows d’une grande villa dominant l’allée centrale de la pinède, donnaient une sensation d’Angleterre.

C’était, en effet, près d’un des innombrables villages maritimes ponctuant les côtes du Devonshire, que se dressait la maison où M. Vallery abritait sa personnalité honnie et ses maladies problématiques.

Accusé de haute trahison, d’escroquerie, de corruption de fonctionnaires, il était sous le coup d’une demande d’extradition, et, autour de sa retraite, rôdaient, jour et nuit, des agents de police. Mais l’Angleterre, son ancienne complice, le protégeait, en le déclarant, par la bouche des docteurs, atteint d’un mal mortel et hors d’état d’être transporté. Les contre-examinations faites par les plus grands médecins de Paris n’avaient pas donné des résultats suffisamment opposés aux conclusions de leurs confrères d’outre-Manche pour que la justice française insistât. D’ailleurs, dans le public, on prétendait malignement que le Gouvernement serait plus embarrassé que réjoui de juger un coupable si compromettant, dont la langue, une fois déliée, prononcerait des choses gênantes. On aimait mieux le savoir silencieux et calfeutré dans sa froide villa anglaise, dont les murs épais risquaient encore trop de laisser passer