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à force d’aimer

reprises dans la colonne imprimée. Le journaliste vantait son esprit d’initiative, son génie financier, et la chance qui semblait s’attacher à sa personne : en effet, il n’avait encore présidé, ou seulement commandité aucune affaire qui n’eût été couronnée du plus éclatant succès.

Cet article, payé sans doute fort cher par le banquier, n’apprenait rien à Hélène, sinon que le souvenir et la curiosité hantaient le cœur de son enfant et que peut-être s’y joignait l’instinctif désir d’aimer quelqu’un en dehors d’elle-même. Quant à la rapide carrière d’Édouard Vallery, elle en connaissait les brillantes et bruyantes étapes. Son amie la doctoresse lui apportait des documents, lui mettait sous les yeux les réclames financières, les « échos » décrivant les réceptions à l’hôtel de l’avenue de Messine, les listes des souscriptions de bienfaisance où s’étalait en chiffres considérables l’ostentation du financier. Habile mise en œuvre de la presse, qui, de la sorte, à prix d’or, construisait une des réputations les plus soudaines et les plus fascinantes du monde contemporain.

À plusieurs reprises, Hélène avait repoussé de telles informations, s’était refusée à lire les journaux. Mais, tout récemment, cette entreprise du Tunnel sous la Manche avait remué l’Europe, avait mis le nom d’Édouard Vallery dans le domaine de la légende, l’avait fait tinter dans les échos les