Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
à force d’aimer

nouveau elle baissa les paupières, dans un tel trouble qu’il la vit pâlir, malgré la nuit, en même temps qu’il la sentit trembler.

Il prit la main qu’elle appuyait sur son bras, et, rendu plus assuré par cette émotion aussi claire qu’un aveu, il dit avec un ton plutôt grave maintenant que tendre :

— « Hélène, je vous aime beaucoup. N’est-ce pas que vous voulez bien être ma femme ?

Elle secoua la tête et fondit en pleurs.

Horace lui quitta le bras, décontenancé. Ce qu’il admirait en elle, c’était une nature mesurée, une sagesse tranquille, trop saine pour la nervosité des larmes. Et il s’étonnait, un peu refroidi, devant la silhouette immobile de la jeune femme, qui, les deux mains levées, cachait d’un mouchoir son visage.

— « Je vous ai fait de la peine ? » interrogea-t-il doucement. « Je vous demande pardon. J’espérais tant que vous m’aimiez un peu !

— Ah !… » soupira-t-elle.

Et sa figure se dégagea, charmante malgré les pleurs, avec le regard assombri de nuit, mais pour tant expressif de franchise.

— « C’est vrai… je vous ai aimé…

— Pourquoi ce passé ? Ne m’aimez-vous plus ?

— Je ne le dois pas… Non… c’était un rêve de folie… Je ne puis avoir d’autre affection que mon fils.