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à force d’aimer

sive ironie, en souriant orgueil ou en dédaigneuse indifférence ?

Elle ne sut donc que penser lorsque, au moment d’arriver devant sa porte, elle constata un changement soudain dans l’attitude de M. Fortier. La dureté d’intonation et de visage qui l’avait si profondément désespérée s’effaça. Au lieu de l’adieu glacé qu’elle considérait d’avance comme définitif, elle eut la surprise de l’entendre parler de leur prochaine entrevue. Et lorsque, sur une parole presque caressante, elle osa lever les yeux, ce fut un regard très doucement ardent qui pénétra dans ses prunelles.

— « Horace, » dit-elle toute tremblante, « si l’aveu que je vous ai fait a changé vos sentiments, dites-le-moi en toute franchise. Je le comprendrai… Je quitterai Clermont… Mais…

— Que pensez-vous là, Hélène ?… Ne vous ai-je pas répondu ?…

— Mais, » poursuivit-elle d’un ton suppliant, « si vous devez en souffrir et m’en faire souffrir, oh ! je vous en prie, ne me retenez pas… ne me parlez pas d’amour… Quittons-nous pendant que j’en ai la force.

— Nous quitter !… » s’écria-t-il avec un accent qui la transporta d’une joie infinie.

— « Horace !…

— Ma chère Hélène !…

— Ah ! » soupira-t-elle, « c’est que je puis