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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/9

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à force d’aimer

avaient été prises d’un fou rire si contagieux que l’Allemande, une fois remise de sa frayeur, n’avait pu se tenir de faire chorus avec elles. D’autant que l’auteur du méfait s’excusait, son chapeau de paille à la main, avec une telle bonne grâce qu’on reconnaissait tout de suite un petit garçon bien élevé.

— « Cela ne fait rien, mon petit ami, » avait dit la gouvernante.

En même temps Huguette envoyait le ballon à René, qui l’envoyait à Germaine, et la première partie commençait.

C’est depuis ce jour-là que René, avant de s’endormir tous les soirs, se disait, pensant à la ravissante figure de Huguette, à ses boucles blondes et à ses jolies robes : « J’ai une petite sœur. »

Il ne se disait pas : « J’ai deux sœurs, » car il savait que Germaine était seulement une petite amie de sa préférée. D’ailleurs Germaine, ce n’était pas la compagne et la confidente, c’était le bébé qu’on protégeait.

Aussi eut-il le cœur gros lorsque Huguette lui déclara qu’on leur défendait de jouer ensemble. Il ne put ni s’amuser tout seul, cette après-midi-là, ni chercher la compagnie d’autres enfants. Il s’assit sur un banc, en face de celle qu’il appelait tout bas « sa sœur » ; il tira de ses poches deux images, trois grosses billes en verre, un tube en