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Page:Lesueur - Le Marquis de Valcor.djvu/14

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indistinctes et ténébreuses. Ce qui échappe à la description, c’était le charme hautain mais attirant, volontaire mais souple, dont cet homme se savait doué et savait user, l’ayant exercé sur bien des êtres, depuis les primitifs les plus rudes, jusqu’aux âmes féminines les plus délicates, les plus compliquées, de la civilisation.

— « Il a pourtant ses cinquante ans sonnés, mon beau cousin, » observa Marc, impressionné par cette persistante jeunesse.

— « Sans sa fille, » demanda l’autre, « ne seriez-vous pas son héritier ?

— Mais oui, » dit le représentant de la branche cadette.

Sa réponse tomba sans regret ni emphase. Pourtant il était pauvre, et, lui aussi, avait une fille, sa bien-aimée Françoise, pour laquelle il eût souhaité les splendeurs princières dont se rehaussait le prestige du chef de la maison. Mais Marc avait l’âme d’un gentilhomme. Au plus profond de sa pensée, aussi bien que sur ses lèvres, existait, à l’égard de la richesse, ce sentiment délicat qui n’est pas du dédain, ni même de l’indifférence, mais une sorte de neutralité fière.

D’ailleurs, la brièveté dominait dans son entretien actuel. Évidemment, c’était par pure politesse qu’il échangeait quelques phrases avec son compagnon.

Celui-ci, au contraire, semblait ne pas prononcer une parole sans une intention forte et secrète. En même temps, il examinait la physionomie distinguée, mais peu expressive, de M. de Valcor-Plesguen. Il lançait vers celui-ci des re-