Page:Lesueur - Le Marquis de Valcor.djvu/17

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Quelques secondes de plus, et la marquise de Valcor était là, elle aussi, dans la lumière, et avec une telle expression sur le visage que les deux témoins involontaires, immobilisés dans leur abri, retinrent leur souffle.

Le couple qu’elle abordait ne s’y trompa pas non plus. Une catastrophe éclatait sur la demeure en fête, ou bien elle allait se produire dès que cette femme pâle et défaite parviendrait à formuler une parole, de ses lèvres qu’on voyait trembler.

— «  Laurence !… Qu’est-ce qui vous arrive ?… » s’écria Renaud.

La marquise ne lui répondit pas. Son regard, chargé d’une fureur sinistre, se fixait sur Mme de Ferneuse. Celle-ci, malgré sa fierté, perdit un instant contenance, eut un mouvement de recul, tandis que ses traits se décomposaient visiblement.

Presque aussitôt, Laurence de Valcor trouva la parole. Des mots, rauques mais distincts, sortirent de sa gorge contractée.

— « Allez-vous en à la minute ! » dit-elle à la comtesse. « Emmenez votre fils… Partez !… Que je ne vous revoie jamais, ni vous… ni ce misérable enfant !…

— Laurence… Perdez-vous la tête ?… » demanda le marquis, du ton d’un homme véritablement stupéfié.

Un intervalle d’angoisse et de silence suspendit ce drame foudroyant.

Les deux femmes, les yeux dans les yeux, paraissaient comme hypnotisées l’une par l’autre. Dans le bouleversement de leurs impressions