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Page:Lesueur - Le Marquis de Valcor.djvu/26

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entendu près du seuil les voix de ses parents, qui rentraient ensemble du parc. Micheline s’était avancée, juste à temps pour saisir cette phrase, prononcée par sa mère :

— « Demain, monsieur, vous saurez de moi ce que je n’ai, du reste, point à vous apprendre. Ce soir, je n’oublierai pas que je suis maîtresse de maison et que je me dois à nos invités. »

Puis, comme elle apercevait leur fille :

— « Micheline, » avait murmuré cette femme, bouleversée par un étrange désespoir, « aie du courage, ma pauvre petite… Danse… Montre-toi gaie… Souviens-toi que tu es une Valcor… » C’est sur ce mot que la jeune fille venait de rentrer dans les salons. Malgré toute sa vaillance, — car elle ne manquait ni d’énergie ni de fierté, — Micheline ne pouvait plus montrer l’entrain radieux qui, au début de cette fête, faisait d’elle l’image même de la jeunesse heureuse.

Et quelle séduisante image, avec sa taille élevée, souple et svelte, son visage aux traits purs, qui reproduisait, affiné, celui de son père, mais qu’illuminaient, d’une douceur ardente, les sombres yeux veloutés de sa mère, son merveilleux sourire, sa chevelure brune gonflée d’une sève impétueuse sur la délicate blancheur de la nuque et du front. Micheline de Valcor, d’une beauté célèbre parmi la vieille aristocratie bretonne, à laquelle appartenait sa famille, aussi bien que dans le grand monde parisien où elle commençait à paraître, fille unique d’un homme riche et dont la carrière, déjà si brillante, ne paraissait point at-