Page:Lesueur - Nietzscheenne.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

porté, et moins encore des emprunts qu’on rivalisait à lui faire.

Et qu’est-ce qui séduisit au fond les étrangers, qu’est-ce qui les fit ne point se comporter comme Goethe et Schopenhauer, ou simplement regarder ailleurs ? C’était cet éclat mat, cette énigmatique lumière de voie lactée qui brillait autour de cette culture. Cela faisait dire aux étrangers : « Voilà quelque chose qui est très, très lointain pour nous; nous y perdons la vue, route, l’entendement, le sens de la jouissance et de l’évaluation, mais malgré tout, cela pourrait bien être des astres ! Les Allemands auraient-ils découvert en toute douceur un coin du ciel, et s’y seraient-ils installés ? Il faut essayer de s’approcher des Allemands. Et on s’approcha d’eux. Tandis qu’eux-mêmes savaient trop bien qu’ils n’avaient pas été au ciel, mais… dans un nuage !

L’Allemand, qui possède le secret d’être ennuyeux avec de l’esprit, du savoir et du sentiment, et qui s’est habitué à considérer l’ennui comme moral, — l’Allemand éprouve devant l’esprit français la peur que celui-ci n’arrache les yeux à la morale.

La distinction personnelle, c’est la vertu antique. Se soumettre, obéir, publiquement ou en secret, c’est là la vertu allemande.

(Aurore, p. 203, 204, 205, 208 et 236.)

Dans les choses de la psychologie, l’esprit allemand a de tous temps manqué de subtilité et de divination. Aujourd’hui qu’il se trouve sous la haute pression du chauvinisme et de l’admiration de soi, il s’épaissit à vue d*œil et il devient grossier.

(La Volonté de Puissance, t. Ier , p. 107.)

À tous égards, Gœthe se plaçait au-dessus des Allemands, et maintenant encore il se trouve au-dessus d’eux ; il ne leur