Page:Lesueur - Poésies, 1896.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




DÉDICACE




Ami, j’ai dans le champ sans fin de vos pensées,
Tout en rêvant, choisi quelques sauvages fleurs,
Pour leurs ardents parfums et leurs vives couleurs,
Et les ai dans mes vers côte à côte enchâssées.

Hélas ! mes durs sonnets les tiennent oppressées ;
Elles perdent en eux leur sève et leurs senteurs,
Elles qui, dispersant leurs souffles enchanteurs,
Ondulaient librement par le vent balancées.

Je vous fais don pourtant de leur bouquet pâli ;
Vous y reconnaîtrez le reflet affaibli
Des amples floraisons écloses dans votre âme.

Et vous saurez aussi que mon cœur enivré,
Épuisant dans leur sein leur arome de flamme,
Bat plus calme et plus fort pour l’avoir aspiré.