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Page:Lesueur - Poésies, 1896.djvu/98

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XXI

LA FIN D’UN MONDE



Parfois, lorsque je songe aux sombres destinées
Qui sont nôtres, mon cœur ému se glace en moi,
Car c’est un sort étrange, amer et plein d’effroi
Celui que subit l’homme en ses courtes années.

Vers un but inconnu ses forces détournées
N’obéissent jamais un instant à sa loi ;
Il souffre, pleure et lutte, et ne sait pas pourquoi,
Car il voit au néant ses œuvres condamnées.

Si la terre demain s’arrêtait dans son cours,
C’en serait fait de l’être et du temps et des jours.
Un seul choc !… et soudain tout redeviendrait flamme.

Où donc seraient alors la gloire, le progrès,
Le renom du guerrier, la beauté de la femme ?
Pourquoi tant espérer s’il n’est plus rien après ?