Page:Lettre d'Abgar, 1868.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les sont en petit nombre ; et c’est parce que le démon se plaît chez les infidèles, qu’il y a beaucoup de méchants qui trompent ceux qui voient. Mais si notre Seigneur ne s’était pas proposé pour but le salut du croyant, il ne serait point descendu du ciel, et il ne serait pas né ni même crucifié, et il ne nous aurait pas envoyés pour le faire connaître et divulguer son évangile, nous qui le vîmes et l’écoutâmes ; et nous prêchons sans nulle crainte dans tout le monde les actes et les doctrines de Jésus, pour ne pas devenir ingrats envers son véritable évangile. Et non seulement ces choses-ci, mais encore tout ce qui fut opéré en son nom après son ascension, nous le montrerons et nous le prêcherons devant tous les peuples.

» Je vais vous raconter un fait qui se passa au milieu de personnes qui, comme vous, avaient cru que le Christ était le fils du Dieu vivant[1]. Une femme, nommée Patronicée[2], épouse de l’empereur Claude, (qui avait été établi régent par Tibère lorsqu’il partait pour faire la guerre aux Espagnols[3] révoltés) à l’époque où Pier-

  1. Cette tradition vraie ou non est une interpolation dans l’histoire de Thaddée, qui prêcha l’évangile à Édesse avant que S. Pierre fût à Rome, où il aurait baptisé cette princesse. Cependant cette tradition est bien ancienne chez nous et presque acceptée canoniquement. Non seulement, entre autres, Moïse de Khorène dans sa relation du voyage des S.tes Rhipsiméennes, cite et Patronicée et la sainte croix, dont elle portait un morceau, qui ensuite par hérédité arriva à Rhipsimée, mais encore elle est mentionnée dans l’ancien calendrier ecclésiastique, attribué au S. Isaac, l’arrière-petit-fils de S. Grégoire l’Illuminateur, et qui occupa la chaire patriarcale de 389 à 439 ; on y lit, le 17 mai : « Fête de l’Invention de la Croix, cherchez dans la Lettre d’Abgar* Patronicée et lisez-la ». Nous avons trouvé dans un ancien manuscrit en lettres onciales, cette même histoire de Patronicée, avec quelques variantes et sous ce titre : « Histoire de la première invention de la S.te Croix, au temps de l’apôtre S. Jacques, par les soins de la reine Patronicée, épouse du César Claude (écrit) par l’apôtre S. Thaddée ».

    * Qui est ce même ouvrage que nous publions.

  2. Un exemplaire de la Relation du Voyage des Rhipsiméennes porte la variante Parthunicée.
  3. L’histoire détachée de la première invention de la Croix (v. la note 1) dit plus clairement que c’était Claude qui alla contre