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Page:Lettre de M. Louis Monneron, député des Indes orientales, 1791.djvu/4

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aucun doute à ce ſujet : ſi quelque meſure pouvoit en adoucir l’effet, c’etoit l’inſtruction qui devoit accompagner l’envoi immédiat de ce Décret. J’ai provoqué cette meſure ; l’Aſſemblée Nationale l’a accueillie le 25 Mai dernier, mais elle, n’en a pas moins été négligée, puiſque cet envoi officiel, après quatre mois de délai, eſt encore à exécuter.

L’opinion de l’Aſſemblée a été très-diviſée, lorſqu’il a été queſtion de rendre ce Décret. Les Membres qui s’y ſont oppoſés arguent aujourd’hui de la ſolidité, de la profondeur de leurs vues, par l’effet qu’il a produit, & par les réclamations de pluſieurs Villes de commerce, qui en demandent la ſuſpenſion.

Il eſt donc néceſſaire d’examiner ſi ce Décret eſt fondé en juſtice & en politique. Mon opinion eſt qu’il remplit ces deux objets. Mais avant d’en adminiſtrer les preuves, je dois vous déclarer que, ſi dans cette diſcuſſion il n’avoit pas été queſtion de priver les hommes libres de leur droit naturel, & que la demande des colons blancs ſe fût bornée à une diſtinction purement honorifique, qui eût conſtaté leur origine & ſatisfait leur préjugé, j’aurois élevé la voix pour appuyer cette meſure, ſi elle avoit pu contribuer à maintenir la paix & la tranquilité publique. J’ajouterai que, ſi cette queſtion n’eût pas été agitée, je n’aurois pas eu le courage de