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Page:Lettres chinoises, indiennes et tartares à Monsieur Paw, 1776.djvu/275

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A ces voix l’épouſe d’Aſan tourne ses pas, & courant les bras étendus vers ſon frere, elle lui dit : « Ah mon frere ! vois ma honte extrême ! Il me répudie, moi qui lui ai donné cinq enfans ! Le Beg ſe tait & ne répond rien : mais il tire d’une bourſe de ſoye vermeille, une feuille de papier, qui permet à ſa ſœur de ſe couronner pour un nouveau mari, après qu’elle ſera retournée dans la maiſon de ſes peres. La dame affligée voyant ce triſte écrit, baiſe le front de ſes fils & les joues de roſe de ſes deux filles. Mais elle ne peut pas ſe ſéparer de l’enfant au berceau. Le ſévére Beg l’en arrache, l’entraine avec forces, la met à cheval, & la ramene dans la maiſon paternelle.


Peu de tems après ſon arrivée, le peu de tems de ſept jours à peine écoulé, de toute part on demande en mariage la jeune & charmante veuve, iſſue d’un ſang illuſtre. Parmi les nobles prétendans se diſtingue le Kadi d’Imoski. D’une voix plaintive elle dit alors à son frere : « ne me donne pas à un autre mari, mon cher frere : mon cœur ſe briſeroit dans ma poitrine, ſi je revoyois mes enfans abandonnés ».