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Page:Lettres d’un Provençal à son épouse, 1867.djvu/88

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LETTRE TREIZIÈME


mariées, qui ont le décorum à garder, vont se prostituer ; soit parce qu’elles n’aiment pas leurs époux, soit qu’ils ne leur donnent pas pour leurs toilettes tout l’argent dont elles ont besoin, soit enfin par la force du tempérament ou autrement. Les teneuses de ces maisons s’engagent pour une certaine somme de vous faire jouir de telle ou telle femme que vous aurez vue à la promenade ou au spectacle. Voici comme elles s’y prennent : Il est essentiel que tu saches que les femmes ici sont coquettes à l’excès ; souvent un mari qui aime sa moitié et qui en est aimé, ne peut pas faire face au dépenses qu’elle lui occasionne ; l’épouse qui est attachée à son homme réfléchit qu’elle peut causer sa ruine, et en épouse censée, elle va droit à la cour des aides. Mais celles qui ne connaissent pas ces bienfaisants établissements, sont bientôt, lorsqu’elles sont jolies, raccrochées par de vieilles duègnes aux promenades ou aux portes des spectacles. Ces vieilles d’abord inspirent la pitié par de soi-disants malheurs : elles lient petit à petit la conversation et finissent par persuader à la femme, en la flattant beaucoup, qu’elle est aimée, adorée par un superbe homme, d’une fortune considérable. Je ne sais trop ce qu’elles peuvent dire de plus,