Page:Lettres d’un habitant des Landes, Frédéric Bastiat.djvu/4

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offrir lui-même aux impatients la première série des sophismes et l’introduction d’un livre qu’il imprime, Cobden et la Ligue. Cette introduction ne tardera pas à attirer l’attention de l’Institut, et le fera nommer membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques.

Je vois donc Bastiat débarquant des grandes Landes, se présenter rue Boursault, chez M. Say. Sa tournure se détachait si pittoresquement parmi celles qui l’entouraient que l’œil, tout distrait qu’il fût, ne pouvait s’empêcher de se fixer un instant sur lui. La coupe de ses vêtements, due aux ciseaux d’un artiste de Mugron, s’éloignait absolument des formes ordinaires. Des couleurs tranchées mal assorties, étaient mises à côté l’une de l’autre, sans souci de ce genre d’harmonie. Sur des mains gantées de filoselle noire, se jouaient de longues manchettes blanches ; un col de chemise aux pointes menaçantes, enfermait la moitié de son visage, un petit chapeau, de grands cheveux ; tout cet ensemble eût paru burlesque si la