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Page:Lettres de Madame P née C, à la Grande-Riviere 1782.djvu/14

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les aſſouvir par la pluralité ? Leur diverſité peut ſeule flatter nos ſens par la variété, des plaiſirs qu’elle nous procure. J’étais à toi ; mais qu’aurais-je fait avec toi ſeul ? Rongée trop ſouvent par des deſirs auſſi violens que ſuperflus, j’aurais été réduite au ſecours impuiſſant de mes doigts ; ſecours quelquefois utile, mais inſuffiſant pour ſatisfaire les deſirs multipliés d’une femme ſenſibie. Auſſi ai-je varié mes plaiſirs en proportion de mes befoins. Ste M , Des M , La C* , d'A , L , G , & tant d’autres que tu connais, m’ont fait éprouver fucceffivement de ces momens délicieux qu’on fent, mais qu’on ne peut décrire.

Si je ne fuis point née dans la religion de Jatab, j’en ai au moins fuivi les préceptes. Jamais hommes vigoureux n’ont éprouvé mes refus ; je l’avoue même avec plaifir, je les ai quelquefois provoqués. Je n’oublierai jamais ce moment, où, entraînée par une imagination exaltée, animée par un mouvement ondulatoire que je me procurais moi-même, & qui augmentait mes feux, fans les éteindre, je paffai par deffus les préjugés de nos imbécilles compatriotes. Je provoquai le fecours d’un de mes nègres… Ah ! que je