CCCXLI.
J’aurais bien désiré pouvoir écrire à V. M. en même temps que le Roi a écrit au roi d’Espagne[2], mais les moments m’ont manqué, et il faut être si circonspect dans toutes nos démarches qu’il m’a fallu attendre une occasion sûre pour envoyer celle-ci à M. le baron de Breteuil, que vous savez déjà avoir toute notre confiance. Je m’adresse avec d’autant plus de plaisir à vous, Madame, pour me réunir à la lettre que le Roi a écrite, que la noblesse de votre caractère, le double lien du sang qui vous unit à nous, ne me laisse aucun doute de l’intérêt que vous prenez à tout ce qui nous regarde. Veuillez donc bien entretenir le roi d’Espagne dans la bienveillance pour nos intérêts. La lettre qu’il a reçue du Roi lui explique nos véritables sentiments, et nous ne pouvons pas en avoir d’autres. Il est inutile de dire à V. M. combien le plus grand secret est nécessaire sa prudence et notre po-
- ↑ Le 12 décembre 1791, Fersen avait écrit à Marie-Antoinette « Il y a encore une démarche bien nécessaire ; c’est d’écrire vous-même une lettre à la reine d’Espagne, de politesse et de confiance, en vous rapportant à celle du Roi, et en lui faisant sentir la nécessité du plus grand secret, à cause de Paris. Vous savez l’influence qu’elle a, et cette démarche ne saurait être trop prompte. Vous pouvez me l’envoyer par la diligence dans une boîte de thé. » Le comte de Fersen et la cour de France, I, 273.
- ↑ Dans cette même lettre du 12 décembre, Fersen prévenait la Reine qu’il avait reçu la lettre du Roi pour l’Espagne.