J’envoie cette lettre à M. de Vaines ; je ne doute pas que vous ne soyez avec lui à Montigny. Mon ami, les lieux, les personnes, les choses, le charme de tout cela vous aura-t-il laissé la liberté de penser que vous pouviez m’écrire par Nangis ? Vous êtes arrivé dimanche à Fontainebleau ; si vous m’aviez écrit lundi matin, j’aurais eu de vos nouvelles aujourd’hui : mais vous avez voulu voir tout à la fois la Reine, M. de Duras, les ministres, vos amis, vos connaissances, ceux qui ne le sont pas ; enfin il faut bien tout voir, tout entendre, tout savoir. On a des affaires, on les fait mal, mais n’importe, on a beaucoup vu, beaucoup été, et au bout de la journée, l’on est Gros-Jean comme devant ; mais l’on a satisfait à cette charmante activité de l’écureuil, et l’on se dit que, dans dix ans, l’on aura une tête et des affaires mieux réglées, et l’on s’abuse, je vous assure. Mon Dieu ! qu’il était doux d’aimer et de vivre pour quelqu’un qui avait tout connu, tout jugé, tout apprécié, et qui avait fini, comme le sage, par trouver que tout n’est que vanité ! Aimer suffisait à son cœur et à son âme. Ah ! qu’elle était noble, qu’elle était grande, cette âme ! je n’ai jamais vu réunir tant de passion à tant de vertus. Mon ami, je donnerais ce qui me reste à vivre pour que vous l’eussiez connu… — Je veux encore augmenter votre mouvement : je vous prie de chercher chez les gens qui vendent des livres, un Dialogue entre un Évêque et un Curé, sur le mariage des Protestants. On dit que cela est excellent : lisez-le, et envoyez-le-moi par M. de Vaines ; on ne le trouve pas ici. En grâce, ne donnez point de lettre avec cette brochure, parce qu’elle ne serait pas cachetée. Savez-vous ce qu’il y a de pis en vous ? C’est l’indifférence dont vous êtes pour tous les inconvénients et même pour les