plus de tendresse et de passion. Adieu, mon ami. Ne m’aimez pas, puisque cela serait contre votre devoir, et contre votre volonté ; mais souffrez que je vous aime et que je vous le redise cent fois, mille fois, mais jamais avec l’expression qui répond à ce que je sens.
Mon ami, venez dîner demain chez madame Geoffrin. J’ai si peu à vivre, que rien de ce que vous ferez pour moi ne pourra tirer à conséquence pour l’avenir. Mon Dieu, l’avenir ! que je plaindrais ceux qui l’attendraient, s’ils vous aimaient ! Mais adieu. J’ai du monde là. Qu’il est pénible de vivre en société, lorsqu’on n’a qu’une pensée !
LETTRE CLXIII
Bonsoir, mon ami. Comment êtes-vous ? Je suis inquiète de votre mal de gorge. Pour moi, je me suis traînée, et c’est le mot, chez l’ambassadeur de Naples. J’ai toussé à assourdir les vingt-quatre personnes qui étaient là. Je suis rentrée, j’ai eu des convulsions si violentes, qu’il ne m’est rien resté de mon dîner dans l’estomac. J’ai vomi avec des angoisses inexprimables ; cette secousse m’a donné la fièvre, et beaucoup plus forte que celle d’hier. Voilà du moins la décision de mes deux médecins d’Andezi et la Rochefoucault qui viennent de me quitter. Je les crois du reste, et je n’avais pas besoin d’eux pour savoir que j’ai la fièvre. — Mon ami, c’est M. d’Alembert qui vous remettra cette lettre : il va encore voir ce Monsieur si difficul-