mans ; il est mieux, mais il n’est pas guéri, et sa mauvaise santé l’attriste, car il voudrait vivre. Le dégel m’a beaucoup rendu ; ma chambre a été remplie de monde tout le jour : cela ne m’a fait ni plaisir, ni peine ; j’ai gardé le silence et j’ai moins toussé. Je dois à madame de Durtal un sirop qui m’a tenu lieu de calmant aujourd’hui et hier : depuis trois mois je vivais d’opium, ils me l’ont fait bannir. Bonsoir. Vous voyez comme je suis entraînée à causer avec vous, cependant je devrais être dans mon lit ; ce n’est pas répondre au désir que vous aviez de me quitter ce matin.
LETTRE CLXIX
Eh ! mon Dieu ! vous vous méprenez : ce n’est pas moi qui vous suis nécessaire ; mais n’importe, puisque vous le voulez, je vous attendrai, et je passerai la soirée avec vous ; mais, en vérité, c’est vous sacrifier mon repos, j’y ai regret, parce que ce n’est rien faire pour votre bonheur. Il y a deux sortes de choses dans la nature qui ne supportent pas la médiocrité, et vous m’amenez à cette mesure que je déteste, et qui n’est pas faite pour mon âme. Oh ciel ! pourquoi vous ai-je connu ? je n’aurais pas éprouvé le remords et je n’existerais plus. Et voyez de quoi vous remplissez ma vie et mon âme ! je ne vous fais point de reproches, mais je vous exprime le vif regret que je sens de la méprise effroyable dans laquelle je suis tombée. — Rapportez-moi la lettre de la comtesse de Boufflers. M. de Vaines ne viendra pas ce soir, il est