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LETTRES DE NOBLESSE

de lui octroyer des lettres spéciales de noblesse, tandis que parmi les artistes anoblis figurent plusieurs noms que nous ne retrouverons pas parmi les chevaliers de Saint-Michel. Ainsi Outrequin et Roettiers lui-même, pour ne citer que ceux-là, n’obtinrent jamais le cordon de cet ordre.

Nous faisons précéder notre liste de plusieurs lettres recueillies dans les papiers de l’ancienne Maison du Roi. Nous n’avons pu dépouiller ce fonds immense, et nous avons dû nous contenter des documents que le hasard nous a fait rencontrer. Ces lettres ont rapport à l’architecte de Lassurance, à Charles-Antoine Coypel, à Carle Vanloo, à Coustou, à Vien et à Hallé. Cette distinction était fort appréciée ; les artistes la désiraient ardemment. Plusieurs même la sollicitèrent à diverses reprises, sans pouvoir l’obtenir ; nous avons cru pouvoir supprimer ces requêtes infructeuses.

Ce n’était pas tout que d’obtenir la nomination ; si l’artiste ne jouissait pas d’une fortune assez considérable, il devait recommencer ses sollicitations pour obtenir la décharge des droits du marc d’or qu’il n’aurait pu payer. Ce droit montait à six ou sept mille livres, et on conçoit que certains artistes, même à la tête d’une certaine renommée, fussent hors d’état de l’acquitter. C’est ce qui explique l’intervalle, souvent fort long, qui s’écoulait entre la nomination et la réception. Le cas de Natoire est le plus singulier qu’on rencontre ; nommé en 1756, il n’était pas encore reçu quand il mourut, c’est-à-dire vingt-un ans après, en 1777. Mais il ne faut point oublier que Natoire, envoyé comme directeur de l’Académie de Rome en 1751, ne quitta plus l’Italie, bien qu’il ait été remplacé dans ces fonctions en 1774.


Lettre de M. d’Angiviller, à M. le comte de Saint-Florentin, secrétaire d’État (minute).


Du 16 septembre 1750.

M. Lassurance, contrôleur de Marly, Monsieur, que le Roy a honoré de la place de son architecte ordinaire, désireroit bien qu’il lui plût le décorer du cordon de Saint-Michel, ainsi que ses prédécesseurs, et en dernier lieu MM. de Cotte et Mollet père et autres. Les longs services de son père et les siens, et ses talents personnels, lui ont fait espérer cette faveur des bontés de Sa Majesté.