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Page:Lettres galantes et philosophiques de deux nones, 1797.djvu/64

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l’abbé de L… est un prodige au-dessus de l’expression : oui, un prodige.

C’est peu de se représenter l’amour le plus tendre et le plus passionné, qui jette sur sa maîtresse les regards les plus lascifs ; qui, enchanté de lui faire goûter le bonheur brûle de ce feu charmant qui ne s’éteint que dans le réduit des sensations, dans ce temple délectable, où l’on fait volontiers des sacrifices à Vénus. C’est peu de se représenter le héros le plus galant, en habit de combat qu’une idée d’extase ravit à lui-même, et qui n’y revient bientôt, que pour doubler et tripler la victoire. Juge, ma bonne amie, juge des brillantes vertus de notre directeur.

Ah ! ma chère, qu’il est doux de pouvoir jouir des plaisirs dérobés ! qu’ils sont piquans ! S’ils n’offrent pas un chemin aisé, est-il au moins semé de fleurs, et la jouissance n’en est que plus parfaite. Ô ! que tu avais bien raison de dire que monsieur l’abbé de L…, n’était pas hérissé de scrupules, et qu’il n’avait rien des solitaires de la Thébaïde. Autant il aime les plaisirs, autant