Page:Lettres inédites de Marc Aurèle et de Fronton, tome 1, 1830.djvu/15

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LETTRE III ===

A ANTONINUS PIUS, FRONTO

Je voudrais qu’il pût advenir, empereur, que nos amis et nos proches fissent tout à notre guise, ce serait là mon premier vœu ; ou que du moins sans faire à notre guise, ils suivissent en tout nos conseils ! Mais puisque chacun gouverne sa vie d’après sa propre nature, je regrette amèrement, je l’avoue, que mon ami Niger Censorius ait si peu modéré ses paroles dans le testament où il m’institue son héritier. Je serais un malhonnête homme si je voulais prendre la défense de cette action pour en effacer la honte ; et un ami ingrat, si je n’essayais de l’atténuer par mes instances. Sans doute Niger Censorius n’a pas été maître de lui ; il n’a pas été assez réservé dans ses paroles ; mais en bien des occasions il fut homme de probité, de courage, d’intégrité. Il est de ta clémence, empereur, de peser une seule parole coupable de cet homme avec tous les mérites de ses actions. Je recherchai son amitié *** lorsque déjà, par son activité et ses talents dans la paix et dans la guerre, il avait mérité l’affection d’hommes excellents. Sans parler de ses autres amis, Turbo Marcius et Erucius Clarus lui étaient intimement