Page:Lettres inédites de Marc Aurèle et de Fronton, tome 1, 1830.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

répondis à ma demande avec plus de bienveillance encore ; mais en ajoutant avec esprit qu’une fois Appianus29 pourvu selon mes vœux, on verrait éclore un essaim de demandeurs qui en voudraient autant. Tu m’as rappelé même celui que volontiers et avec plaisir tu aurais nommé pour la Grèce. Mais quelle différence entre eux ! la vieillesse et le veuvage à consoler ! J’ose dire que la probité et la délicatesse de deux hommes de bien diffèrent en quelque chose : et j’en parle d’autant plus à mon aise, que je n’ai pas nommé celui auquel je préfère mon ami. Enfin je le dirai, et c’est ma pureté d’intention, c’est la vérité, c’est la confiance que me donne mon amitié pour toi, qui m’engagent à le dire ; il est plus juste aussi que mon souvenir lui porte bonheur auprès de toi. Souviens-toi encore, seigneur empereur, lorsqu’il te sollicitera, à mon exemple, que moi-même j’ai été deux ans un solliciteur. Accorde-lui donc aussi, si tu le trouves bon, après deux années, cette faveur ; il ne lui manquera plus, pour suivre encore notre exemple, que de te présenter un refus et d’obtenir que tu l’acceptes30.