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Page:Lettres portugaises, éd. Piedagnel, 1876.djvu/98

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LETTRES PORTUGAISES

de moi n’en est pas, et il n’y a point d’épreuve où je ne pusse me soumettre sans crainte, s’il me plaisoit de vous donner cette satisfaction. Mais pourquoi vous la donnerois-je ? Est-ce par des invectives qu’on l’obtient ? et n’auriez-vous pas sujet de me croire aussi lâche que vous me dépeignez si vous deviez ma justification à vos menaces ? Vous ne me verrez plus, dites-vous ; vous sortez de Lisbonne, de peur d’être assez malheureux pour me rencontrer, et vous poignarderiez le meilleur de vos amis s’il vous faisoit la trahison de vous amener chez moi. Cruel ! que vous a donc fait ma vue pour vous être si insupportable ? Elle ne vous a jamais annoncé que des plaisirs, vous n’avez jamais rencontré dans mes yeux que de l’amour et de l’empressement de vous le témoigner ; est-ce là de quoi vous obliger à quitter Lisbonne pour ne plus me voir ? Ne partez point si vous n’avez que cette raison qui vous y oblige. Je vous épargnerai la peine de m’éviter ; aussi bien c’est à moi à fuir et non pas à vous. Ma vue ne vous a coûté que l’indulgence de vous laisser aimer, et la vôtre me coûte toute la gloire et tout le repos de ma vie ! J’avoue qu’elle en a souvent fait la joie aussi. Quand je