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MÉMOIRES D’UN CRITIQUE.

durer et d’attendre. » Dure était l'attente et longues parurent les journées d’épreuves ! Quand la détente annoncée se produisit, ceux qui auraient pu en profiter manquaient à l’appel ou se trouvaient à bout de forces.

Ce travail quotidien laissait peu de place pour les besognes supplémentaires. On tâchait cependant d’en découvrir. Je donnais quelques répétitions, mais je demeurais si loin, et quelles courses ! J’habitais au boulevard Pigalle, beaucoup moins fréquenté qu’il ne l’est aujourd’hui, au fond d’une cité, dans une chambrette que m’avait procurée un de nos collaborateurs. Il me fallait franchir une première grille, monter une longue allée, ouvrir une seconde grille pour arriver jusqu’à mon logement. Un soir (c’était peut-être bien une nuit) il se trouva que j’avais oublié la clef de la seconde grille. Descendre l’allée, réveiller le concierge, m’adresser à son obligeance, c’était peine perdue. J’avisai heureusement un fiacre, dételé cela va de soi, qu’un loueur de voitures voisin laissait dans l’allée. Ce fut tout un de l’apercevoir, d’y monter, de m’y étendre et de m’y endormir profondément. Je rêvai que je roulais carrosse, et, en me réveillant, je vis que c’était une réalité. Mon fiacre descendait la rue Notre-Dame-de-Lorette. J’interpellai le cocher qui fut bien étonné d’avoir une pratique si matinale et si clandestine. L’aven-