Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
L’ÉPOUVANTE

que vous ne soyez pas sorti quelques instants plus tôt !

Tout au fond de lui, il éprouva un soulagement réel et très grand. Pendant quelques minutes, il lui avait semblé — pure imagination du reste — que les trois hommes l’avaient dévisagé à la dérobée, comme si sous ses gros souliers ils avaient deviné le pied fin et petit, capable de laisser dans la gelée blanche du matin, l’empreinte que le soleil avait fait disparaître en un instant. Son but, pourtant, était bien de se faire soupçonner, arrêter même. Mais, plus ce but devenait proche, plus il s’efforçait, malgré lui, de l’éloigner.

La justice lui apparaissait comme une force redoutable, comme une bête aux cent bras qui ne rend pas volontiers sa proie. Puis, il sentait qu’il avait tout à gagner à rester maître de l’heure, à pouvoir choisir l’instant précis où il lui plairait de se laisser prendre. Pour bien connaître et bien juger tous les rouages de la police, il voulait en pouvoir suivre le jeu, en commander presque la marche, la ralentir ou l’accélérer à sa guise. Aussi, lorsque le Commissaire, pour ne pas laisser deviner son dépit, murmura :